Lara van Ruijven: "J'espère qu'en temps opportun quelqu'un saura me dire 'C'était bien, mais c'est le temps d'arrêter!'" ~ Passion/Patin/Vitesse - Passion/Speed/Skating

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16 mars 2020

Lara van Ruijven: "J'espère qu'en temps opportun quelqu'un saura me dire 'C'était bien, mais c'est le temps d'arrêter!'"


Si l’équipe féminine néerlandaise en patinage de vitesse courte piste est présentement à son âge d’or, c’est en partie grâce au brio de Lara van Ruijven. Cette dernière espère bien continuer d’avoir un impact positif sur les résultats de son équipe pour quelques années encore. 

Par Carl Savard
Photos par danny Kim, Oscar van den Bosch et collection personnelle de Lara van Ruijven

C’est de façon un peu timide que mon entretien avec Lara van Ruijven a débuté. D’emblée, elle a tenu à me dire qu’elle était un peu gênée lorsqu’elle devait répondre à des questions en anglais. Nous avons donc débuté l’entretien de manière relaxe, à jaser de tout et de rien. Elle m’a confié qu’étant jeune elle parlait bien le français mais qu’avec le temps elle a oublié. Elle a par la suite appris l’anglais à l’école secondaire et je me suis rapidement rendu compte que son anglais était bien supérieur à ce qu’elle laissait sous-entendre. J’ai donc passé quarante belles minutes à discuter avec la championne du monde 2019 sur 500m. 

Native de Naaldwijk, une petite agglomération en banlieue de La Haie, les débuts sur glace de la petite Lara ont eu lieu à l’âge de six ans. C’est sur l’anneau de 400m qu’elle a chausser les patins pour la première fois. C’est suite à une discussion entre ses parents et ceux d’un ami habitant sur sa rue (Adwin Snellink qui joindra lui aussi plus tard l'équipe nationale) que la transition vers le courte piste s’est enclenchée. «Je me souviens que je n’étais pas très bonne en longue piste. Après avoir essayé en courte piste, je ne suis jamais retournée à la longue piste à part pour entraîner les aspects qui pourraient m’aider en courte piste.» Dans la famille de Lara van Ruijven, le sport a toujours été important. «J'ai grandi en jouant au soccer, au tennis, en pratiquant le hockey sur gazon et le patinage de vitesse. Mon père était cycliste quand il était jeune et ma mère jouait au tennis. Mon frère aîné jouait tout comme moi au hockey sur gazon. Je faisais partie d'une famille active. Quand j'avais environ dix ans, un de mes rêves était de devenir championne olympique un jour, mais je ne savais pas si ce serait en courte piste ou en hockey sur gazon. À dix-sept ans, j'ai été invitée à rejoindre le centre d'entraînement de Heerenveen et c'est à ce moment que le patinage est devenu plus sérieux. À l'époque, j'étais en dernière année à l’école secondaire et je me sentais un peu triste de devoir changer d'école pour rejoindre le programme et de manquer mon bal de fin d'études avec les amis avec qui j’étais allée à l’école tout mon secondaire, mais il n'était pas question que je décline l'invitation». 



Déménager à Heerenveen et joindre le giron de l’équipe nationale néerlandaise c’est entrer en contact avec Jeroen Otter, l’un des meilleurs coachs en courte piste sur la planète. «Jeroen vous dit toujours la vérité, même les choses que vous ne voulez pas entendre. Il est franc et ne passe pas par quatre chemins. C'est une bonne qualité pour un entraîneur-chef. Il veut toujours évoluer et il n'aime pas la routine. Il est toujours à la recherche de nouvelles façons pour nous aider à nous améliorer, comme entre autres le fait d'avoir des patineurs d'autres pays qui s'entraînent avec nous. Certaines personnes ont peur de partager leur façon de s'entraîner, mais je ne pense pas qu'il y ait de grands secrets autour de cela. Je pense que c'est une excellente façon d'apprendre et que cela vous pousse à vous améliorer. J'aime aussi le fait que nous soyons avec les garçons sur la glace pendant l'entraînement. Je ne peux pas m'imaginer être seulement avec les filles. Même juste pour l'ambiance, c'est génial. Les garçons sont plus détendus à l'entraînement, ils font des blagues, relâchent la pression et je pense que ça fait du bien à tout le monde.»

Le programme néerlandais a eu une progression constante et impressionnante mais Lara van Ruijven se souvient des débuts plus difficiles. «Même si les jeunes qui nous rejoignent maintenant nous voient comme une équipe de haut niveau, je me souviens que lorsque j'ai rejoint l'équipe, nous n'étions pas très bons dans le relais. Nous avons dû travailler dur. Je me souviens que nous ne pouvions pas suivre les autres équipes et dans les dix derniers tours, il y avait toujours un bon écart entre nous et les meneurs. Maintenant les jeunes patineurs savent que s'ils rejoignent l'équipe, il y a de bonnes chances qu'ils patinent pour une finale A.»  Outre les résultats aux épreuves de relais, la carrière de van Ruijven a également connu une croissance rapide. Après avoir été une grande athlète en équipe et avoir gravi les échelons des classements individuels, 2019 a vu l’athlète de 27 ans devenir championne du monde. S'il est difficile de travailler pour atteindre le sommet, il est encore plus difficile d'y rester. «Quand je suis revenue à l'entraînement après mon titre aux championnats du monde, j'étais plus détendue que la saison précédente. Au lieu de penser 'j'ai fait une bonne saison mais je n'ai pas eu les médaille et je dois en faire plus', je me disais 'Oh, j'ai réussi !' et c'est peut-être pour cela qu'en début de saison, je n'étais pas aussi affamée que les saisons précédentes. Je crois que je n'ai pas instinctivement donné l'effort supplémentaire nécessaire pour gagner. Même si tout le monde m'a dit que je ressentirais la pression maintenant que j'étais devenue championne du monde, ce ne fut pas vraiment le cas. J'aime la compétition, même si je suis toujours très nerveuse quand la saison débute. Je ne suis pas très bonne à l'entraînement et j'ai des difficultés à savoir où je me situe quand je ne suis pas en compétition, alors la compétition me fait du bien».



En parlant de compétition, les dernière saisons semblent avoir ramené le 500m chez les femmes à l’avant plan et la Néerlandaise est en partie responsable de l’engouement entourant l’épreuve. En temps que championne en titre, van Rujiven doit tenter de contenir les attaques du plus rapide groupe de sprinteuses de l’histoire en courte piste. Un groupe comptant dans ses rangs sa compatriote Yara van Kerkhof, Martina Valcepina, Natalia Maliszewska, Qu Chunyu, Fan Kexin et la détentrice du record du monde Kim Boutin. «C'est super rapide en ce moment et de plus en plus de femmes patinent à une vitesse folle  C'est excitant pour les fans mais aussi pour les patineuses. En ce moment, juste être en finale A devient une fierté.»

Avec la saison qui vient de se terminer abruptement en raison de la conjoncture internationale actuelle, la deuxième moitié du cycle Olympique en vue des jeux de 2022 est maintenant entamée. Comme la majorité des athlètes pratiquant un sport qui trouve sa gloire dans le mouvement olympique, Lara van Ruijven a le regard posé sur Pékin 2022. Même si sa carrière semble être à son apogée, à 27 ans van Ruijven sent qu’elle approche de la fin. "Je ne me vois pas encore patiner à 34 ans comme Charles Hamelin ou Viktor Ahn. Quand je suis allée aux Jeux olympiques de Sotchi, je savais que j'allais surtout aider au relais même si je patinais également le 500m. Je n'étais pas très bonne mais je me suis dit 'Aux prochains Jeux olympiques de Pyeongchang, je vais patiner à nouveau le 500m, gagner une médaille et mettre fin à ma carrière', mais ça ne s'est pas passé comme prévu. Après Pyeongchang, je n'ai pas eu envie d'arrêter, même si je n'avais pas obtenu les résultats espérés. Je sentais que je pouvais encore faire mieux. Alors maintenant, je travaille sur Pékin avec le même objectif de gagner et je vais évaluer ce que je ferai après les Jeux. Peut-être que je patinerai une ou deux saisons après Pékin 2022 et que je me concentrerai ensuite sur mes études en droit. J'arrêterai quand j'aurai l'impression de ne plus pouvoir m'améliorer, mais pour l'instant, j’ai encore du plaisir. Les dernières années m’ont prouvé qu’avoir un plan précis ça ne veut pas dire grand chose. On ne peut pas savoir à l'avance ce qui va se passer dans notre vie personnelle et dans notre vie d'athlète. Ce que je sais c’est que je ne veux pas que la fin de ma carrière soit pathétique. J'espère qu'en temps opportun quelqu'un saura me dire : 'Lara, arrête ! C'était bien, mais c'est le temps d'arrêter!'»!

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