Editorial
Carl Savard
Rédacteur en chef – Passion/Patin/Vitesse
Printemps 2012, à l'époque, mon travaille m'emmène à voyager
partout au Canada. Alors que je suis à l'aéroport international de
Vancouver, je me dirige vers une petite boutique pour m'acheter une
collation avant de prendre mon vol. C'est avec un énorme sourire que
je remarque que deux ans après les Jeux Olympiques de Vancouver, il
y a toujours une énorme photo de Charles Hamelin, champion de
patinage de vitesse courte piste, à l'entrée du commerce. Je me suis souvenue comment la majorité d'entre nous étions fiers des performances de nos athlètes aux
Jeux, tellement fiers d'avoir reçu le monde chez nous et de leur en
avoir mis plein la vue. Lors de ces Jeux olympiques, le Canada a remporté vingt-six médailles et de ce lot, dix médailles ont été remportées en
patinage de vitesse longue piste ou courte piste.
Quatre
ans plus tard aux Jeux olympiques de Sochi, les résultats n'ont pas été les
mêmes, mais l'équipe de patinage de vitesse est tout de même
revenue avec cinq médailles. Dans l'histoire olympique, le Canada se
classe au 6e rangs parmi tous les pays pour le nombre de médailles
en patinage de vitesse longue piste et au 3e rang pour ce qui est des
résultats en courte piste derrière la Corée du Sud et la Chine. Dans
l'histoire olympique canadienne, le patinage de vitesse longue piste
et le patinage courte piste sont respectivement aux premier et
deuxième rang pour le nombre de médailles remportées par le Canada
aux jeux d'hiver. Vous vous demandez peut être pourquoi je vous
expose ces chiffres aujourd'hui, eh bien voilà pourquoi.
Le
weekend dernier se tenaient, à l'aréna Maurice-Richard de Montréal,
les Championnats Canadiens Séniors de patinage de vitesse courte
piste. Une compétition relevée qui aura vu couronner un nouveau
champion masculin en la personne de Charle Cournoyer et la toujours
dominante et souriante Marianne St-Gelais du côté féminin. Comme toujours, au
lendemain d'une compétition majeure, un communiqué comprenant les
résultats complets et les impressions des patineurs participant à
l'événement est émis par Patinage de Vitesse Canada. Cette fois
par contre, parmi ce flot de bonnes nouvelles, se glisse une petite
phrase qui en cache une mauvaise: "Le
Canada ne participera pas à la sixième et dernière Coupe du monde
de la saison à Minsk, au Bélarus."
Quelques articles sont parus hier dans les journaux. À Sébastien
Lajoie de La Tribune, Patinage de Vitesse Canada confit qu'une
restructuration financière majeure est responsable de cette
situation. Des actions devaient être posées maintenant pour ne pas
que la situation s'aggrave. La valeur du dollar et la perte de
commanditaires importants sont cités comme faisant partie du problème. Patrick
Godbout, responsable des communications et des relations avec les
médias pour Patinage de Vitesse Canada dit également que le budget
de l'organisme a été amputé après les Jeux de Vancouver en 2010.
On est en droit de se demander si ces coupures ne sont pas en partie
responsable de la baisse de rendement lors des Jeux de Sochi. À la
SRC, Patinage de Vitesse Canada parle de la possibilité de laisser
les athlètes, qui seraient prêt à couvrir eux même leurs
dépenses, faire le voyage vers Minsk pour représenter le Canada à
la dernière Coupe du Monde de la saison. Si l'organisme y songe
sérieusement, la décision doit être annoncée immédiatement pour
permettre aux athlètes d'organiser leurs déplacements et leur hébergement le plus rapidement possible. Plus Patinage de
Vitesse Canada retarde sa décision, plus les chances sont minces que les
athlètes puissent s'y rendre. Même si cette décision se doit d'en
être une à court terme et non devenir la norme, la permission doit leur être donnée
maintenant. Il est inconcevable que le Canada ne soit pas représenté
lors d'une Coupe du Monde en patinage de vitesse. Même si la
nouvelle partagée hier était un peu plus focalisée sur le
patinage de vitesse courte piste, les athlètes en longue piste sont
également touchés. Alors que le Canada a envoyé 20 athlète dans
un événement de Coupe du Monde en longue piste à l'automne, le
plan est d'en envoyer seulement six lors de la cinquième manche et
aucun lors de la dernière. On parle ici de coupures majeures et définitivement d'un problème de gestion.
Alors
maintenant, que devons-nous faire? Est-il acceptable que le mot
clique #noussommeslhiver ne nous représente que durant les Jeux
Olympiques? Est-il acceptable que le patinage de vitesse, le sport
d'hiver qui nous représente le mieux à travers la planète après
le hockey, ne soit pas assez important pour que nos athlètes prennent
part à tous les événements majeurs au courant d'une saison? Est-il
acceptable que nous ayons peut être à laisser nos athlètes payer
eux-mêmes leurs déplacements outre-mer, pour participer à une
manche de Coupe du Monde, tout en leur demandant de porter fièrement
l'uniforme national? Que pouvons-nous faire pour s'assurer qu'une
telle situation ne se reproduise pas après les Jeux Olympiques
d'hiver de Pyeongchang l'an prochain, parce que ne vous laissez pas
berner, les coupures d'aujourd'hui sont pour s'assurer que nous
pourrons briller demain quand toute la planète va regarder, mais
après?
Je
ne blâme pas Patinage de Vitesse Canada pour tous les problèmes qui
ont mené à cette décision. Nous devons, bien sûre, poser
des questions à nos gouvernements et nous questionner également à savoir
comment nous pourrions inciter les investisseurs privés à appuyer
le patinage de vitesse au Canada. J'ai quelques idées sur le sujet
et il me fera plaisir de les partager sous peu sur
Passion/Patin/Vitesse au www.passionpvss.com
, mais pour le moment, si nos athlètes sont prêt à payer de leur
poche pour cette fois-ci, ne leur mettons pas des bâtons dans les
roues.
La fierté de nos athlètes doit être reconnue et non restreinte. Nous ne
sommes peut être pas l'hiver 365 jours par année tous les ans après tout, mais eux le sont.
Erratum: quelques minutes après avoir partagé ce texte, j'ai reçu confirmation d'un athlète qu'un message avait été envoyé tôt ce matin confirmant que ceux-ci pourront représenter le Canada s'ils sont d'accord à payer eux-mêmes leurs frais de déplacement, mais cette annonce ne change en rien la suite des choses. Cette situation ne doit pas devenir la norme.
Erratum: quelques minutes après avoir partagé ce texte, j'ai reçu confirmation d'un athlète qu'un message avait été envoyé tôt ce matin confirmant que ceux-ci pourront représenter le Canada s'ils sont d'accord à payer eux-mêmes leurs frais de déplacement, mais cette annonce ne change en rien la suite des choses. Cette situation ne doit pas devenir la norme.
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