Nous sommes l'hiver... mais seulement pendant les Olympiques ~ Passion/Patin/Vitesse - Passion/Speed/Skating

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18 janvier 2017

Nous sommes l'hiver... mais seulement pendant les Olympiques


















Editorial
Carl Savard
Rédacteur en chef – Passion/Patin/Vitesse


Printemps 2012, à l'époque, mon travaille m'emmène à voyager partout au Canada. Alors que je suis à l'aéroport international de Vancouver, je me dirige vers une petite boutique pour m'acheter une collation avant de prendre mon vol. C'est avec un énorme sourire que je remarque que deux ans après les Jeux Olympiques de Vancouver, il y a toujours une énorme photo de Charles Hamelin, champion de patinage de vitesse courte piste, à l'entrée du commerce.  Je me suis souvenue comment la majorité d'entre nous étions fiers des performances de nos athlètes aux Jeux, tellement fiers d'avoir reçu le monde chez nous et de leur en avoir mis plein la vue. Lors de ces Jeux olympiques, le Canada a remporté vingt-six médailles et de ce lot, dix médailles ont été remportées en patinage de vitesse longue piste ou courte piste.

Quatre ans plus tard aux Jeux olympiques de Sochi, les résultats n'ont pas été les mêmes, mais l'équipe de patinage de vitesse est tout de même revenue avec cinq médailles. Dans l'histoire olympique, le Canada se classe au 6e rangs parmi tous les pays pour le nombre de médailles en patinage de vitesse longue piste et au 3e rang pour ce qui est des résultats en courte piste derrière la Corée du Sud et la Chine. Dans l'histoire olympique canadienne, le patinage de vitesse longue piste et le patinage courte piste sont respectivement aux premier et deuxième rang pour le nombre de médailles remportées par le Canada aux jeux d'hiver. Vous vous demandez peut être pourquoi je vous expose ces chiffres aujourd'hui, eh bien voilà pourquoi.

Le weekend dernier se tenaient, à l'aréna Maurice-Richard de Montréal, les Championnats Canadiens Séniors de patinage de vitesse courte piste. Une compétition relevée qui aura vu couronner un nouveau champion masculin en la personne de Charle Cournoyer et la toujours dominante et souriante Marianne St-Gelais du côté féminin. Comme toujours, au lendemain d'une compétition majeure, un communiqué comprenant les résultats complets et les impressions des patineurs participant à l'événement est émis par Patinage de Vitesse Canada. Cette fois par contre, parmi ce flot de bonnes nouvelles, se glisse une petite phrase qui en cache une mauvaise: "Le Canada ne participera pas à la sixième et dernière Coupe du monde de la saison à Minsk, au Bélarus."

Quelques articles sont parus hier dans les journaux. À Sébastien Lajoie de La Tribune, Patinage de Vitesse Canada confit qu'une restructuration financière majeure est responsable de cette situation. Des actions devaient être posées maintenant pour ne pas que la situation s'aggrave. La valeur du dollar et la perte de commanditaires importants sont cités comme faisant partie du problème. Patrick Godbout, responsable des communications et des relations avec les médias pour Patinage de Vitesse Canada dit également que le budget de l'organisme a été amputé après les Jeux de Vancouver en 2010. On est en droit de se demander si ces coupures ne sont pas en partie responsable de la baisse de rendement lors des Jeux de Sochi. À la SRC, Patinage de Vitesse Canada parle de la possibilité de laisser les athlètes, qui seraient prêt à couvrir eux même leurs dépenses, faire le voyage vers Minsk pour représenter le Canada à la dernière Coupe du Monde de la saison. Si l'organisme y songe sérieusement, la décision doit être annoncée immédiatement pour permettre aux athlètes d'organiser leurs déplacements et leur hébergement le plus rapidement possible. Plus Patinage de Vitesse Canada retarde sa décision, plus les chances sont minces que les athlètes puissent s'y rendre. Même si cette décision se doit d'en être une à court terme et non devenir la norme, la permission doit leur être donnée maintenant. Il est inconcevable que le Canada ne soit pas représenté lors d'une Coupe du Monde en patinage de vitesse. Même si la nouvelle partagée hier était un peu plus focalisée sur le patinage de vitesse courte piste, les athlètes en longue piste sont également touchés. Alors que le Canada a envoyé 20 athlète dans un événement de Coupe du Monde en longue piste à l'automne, le plan est d'en envoyer seulement six lors de la cinquième manche et aucun lors de la dernière. On parle ici de coupures majeures et définitivement d'un problème de gestion.

Alors maintenant, que devons-nous faire? Est-il acceptable que le mot clique #noussommeslhiver ne nous représente que durant les Jeux Olympiques? Est-il acceptable que le patinage de vitesse, le sport d'hiver qui nous représente le mieux à travers la planète après le hockey, ne soit pas assez important pour que nos athlètes prennent part à tous les événements majeurs au courant d'une saison? Est-il acceptable que nous ayons peut être à laisser nos athlètes payer eux-mêmes leurs déplacements outre-mer, pour participer à une manche de Coupe du Monde, tout en leur demandant de porter fièrement l'uniforme national? Que pouvons-nous faire pour s'assurer qu'une telle situation ne se reproduise pas après les Jeux Olympiques d'hiver de Pyeongchang l'an prochain, parce que ne vous laissez pas berner, les coupures d'aujourd'hui sont pour s'assurer que nous pourrons briller demain quand toute la planète va regarder, mais après?


Je ne blâme pas Patinage de Vitesse Canada pour tous les problèmes qui ont mené à cette décision. Nous devons, bien sûre, poser des questions à nos gouvernements et nous questionner également à savoir comment nous pourrions inciter les investisseurs privés à appuyer le patinage de vitesse au Canada. J'ai quelques idées sur le sujet et il me fera plaisir de les partager sous peu sur Passion/Patin/Vitesse au www.passionpvss.com , mais pour le moment, si nos athlètes sont prêt à payer de leur poche pour cette fois-ci, ne leur mettons pas des bâtons dans les roues.  

La fierté de nos athlètes doit être reconnue et non restreinte. Nous ne sommes peut être pas l'hiver 365 jours par année tous les ans après tout, mais eux le sont.

Erratum: quelques minutes après avoir partagé ce texte, j'ai reçu confirmation d'un athlète qu'un message avait été envoyé tôt ce matin confirmant que ceux-ci pourront représenter le Canada s'ils sont d'accord à payer eux-mêmes leurs frais de déplacement, mais cette annonce ne change en rien la suite des choses. Cette situation ne doit pas devenir la norme. 



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