Keita Watanabe - L'importance de se faire comprendre ~ Passion/Patin/Vitesse - Passion/Speed/Skating

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1 juin 2018

Keita Watanabe - L'importance de se faire comprendre


Par Carl Savard
Photos par Schaats Foto's et Carl Savard


La joie que j’éprouve à faire des entrevues avec vos acteurs préférés du monde du patinage de vitesse n’est pas seulement liée à mon désir de vous les faire connaître sous un autre angle. Je prends énormément de plaisir à m'asseoir pour discuter avec eux parce que j’aime échanger, communiquer. J’aime rencontrer des gens ayant un bagage de vie différent du mien, des gens de différentes cultures, qui sont comme moi désireux d'échanger avec les autres. Toutes les entrevues que je fais pour le site web ont un fil conducteur, la passion pour le patinage de vitesse, mais en dehors de ce fil conducteur, une entrevue c’est la rencontre de deux êtres humains qui communiquent. Je me suis rapidement rendu compte que la communication avait joué un rôle majeur dans la carrière du Japonais Keita Watanabe. 


La connexion est établie
C'est sans grande nervosité que je me suis rendu à notre lieu de rencontre même si je savais que ce serait une entrevue différente. Bien que je sois à l’aise en anglais, ma langue maternelle est le français. Quant à lui, Keita Watanabe comprend et parle un peu l’anglais, mais dans le contexte d’une entrevue il se sentait moins sûr de lui. C’est avec l’aide d’une Japonaise parlant anglais qu'un francophone et un Japonais ont pu communiquer via la langue de Shakespeare. “J’avais environ 9 ans quand j’ai commencé à faire du courte piste. J’ai aimé ça tout de suite, mais au début ce n’était que pour le plaisir.” Le patineur de 26 ans originaire de Kawagoe a grandi dans une famille peu encline au sport. Bien que n’étant pas elle même une patineuse, c’est sa sœur qui lui a suggéré d’essayer le patinage de vitesse courte piste. “Ma mère déteste le sport!” confie-t-il dans un grand éclat de rire. “Elle venait me voir patiner quand j’étais junior, mais plus maintenant. Elle est trop nerveuse!” C’est vers l’âge de 12 ans que ses rêves sportifs commencent à faire surface. Cette année là, dans son album souvenir d'école, sa photo est accompagné par une phrase: “Je veux aller aux Jeux olympiques!” Une anecdote rappelant celle entendue lors de ma rencontre avec Jamie Macdonald, qui avait écrit quelque chose de semblable presque au même âge. 


La passion de Watanabe pour le courte piste peut être résumée en quelques mots: vitesse maximale et stratégie de dépassement. Bien qu'il ait essayé le patinage de vitesse longue piste par le passé, il avoue candidement ne pas aimer patiner au froid à l’extérieur. Le manque d’installations optimales dans sa région l’aura donc découragé de pousser plus loin. Au moment de notre rencontre, l’expérience internationale du jeune homme avait été couronné par des médailles d’argent et de bronze dans des épreuves de relais au Championnat du monde junior et par une médaille de bronze également au relais mais cette fois-ci au niveau sénior, lors de la première manche de la Coupe du monde de la saison 2017-2018. Watanabe a également représenté le Japon lors des Jeux olympiques de Pyeongchang plus tôt cette année. Bien que nerveux au moment de mettre les pieds sur la glace lors de son premier entraînement en Corée, il a fini par retrouver son calme et profiter du moment. Malheureusement pour lui, les résultats n’ont pas été ceux escomptés et il lui aura fallu quelques jours pour parvenir à évaluer ses performances et s’assurer que sa participation aux Jeux ne serait pas une déception mais bien un apprentissage. 


Le courant passe
La discussion allait bon train, le jeune homme appréciait définitivement notre échange, il tentait parfois de me répondre par de courtes phrases en anglais et ne faisait participer l’interprète que si c’était vraiment nécessaire. C’est lorsque je lui ai posé une question sur le Canadien Jonathan Guilmette, qui était son entraîneur depuis quelques années, que la dynamique a changé. Il était clair que Watanabe voulait s’assurer d’être bien compris et qu'aucun détail ne m'échapperaient. Après une série de courtes réponses à mes questions, c’est dans une tirade en Japonais dirigée vers l’interprète qu'il répondit à ma question. “Quand Jonathan est arrivé au Japon, ça a changé beaucoup de choses. J’avais l’habitude de faire à la lettre tout ce que mon entraîneur me demandait, mais je ne prenais jamais de décision par moi-même. J’avais le sentiment que je ne pouvais pas vraiment m’exprimer. Avec Jonathan, c’est très différent. Il est toujours en mode communication. Il te demande comment tu te sens et il veut que tu arrives à prendre des décisions par toi-même. Si tu as une question, il fera tout pour trouver la réponse ou pour t’aider à la trouver. Je me suis beaucoup amélioré grâce à lui. Je lui en suis très reconnaissant.”


C’est là dessus que notre rencontre s’est terminée après une vingtaine de minutes qui avaient semblé en être cinq. Vingt minutes où trois être humains ont trouvé le moyen de se comprendre malgré les différences. Qui plus est, une discussion culminant sur l’importance d’être entendu et écouté. Quelques jours après notre rencontre, Keita Watanabe aidait l’équipe Japonaise à monter sur le podium des Championnats du monde 2018 au relais, remportant la médaille de bronze. À peu près au même moment, Jonathan Guilmette annonçait qu'il revenait au Canada, laissant derrière lui des athlètes japonais plus confiants, spécialement Keita Watanabe.

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