Elise Christie: se battre jusqu'au sommet ~ Passion/Patin/Vitesse - Passion/Speed/Skating

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10 juin 2018

Elise Christie: se battre jusqu'au sommet


Même si ses présences aux Olympiques ont été difficiles jusqu'à présent, personne ne peut blâmer le manque d’efforts de la blonde Britannique. Au cours des huit dernières années, elle s’est battue avec ardeur pour se rendre au sommet. Pendant que les amateurs occasionnels et les médias anglais focalisent sur le fait que ses performances aux Olympiques ont été désastreuses, les passionnés continuent de savourer le spectacle qu'elle offre sur la glace. Elle est devenue en 2017, la première Européenne à être couronnée championne du monde en 42 ans d'existence de ces championnats.

Par Carl Savard
Photos par Carl Savard, Martin Holtom, Oscar van den Bosch et collection personnelle d'Elise Christie

Rencontre au centre du ring
Décembre 2016, c’est à ce moment que mon partenaire et moi décidons de lancer Passion/Patin/Vitesse. Pendant que nous commençons à offrir du contenu sur Facebook et Instagram, je m’affaire à mettre sur pieds un site web. Histoire de faire des tests de mise en page, j'utilise une fausse nouvelle pour voir de quoi aura l’air le rendu du site une fois que des articles y seraient publiés. Je choisis donc une photo d'Elise Christie et un titre: «Elise Christie est votre nouvelle championne du monde!» À l’époque, Christie n'est pas encore championne, mais en me basant sur ses performances du début de saison, j’étais confiant que ma prédiction se réaliserait. C’est dans les premiers instants de notre rencontre, en marge des Championnats du monde ISU à lesquels elle ne pouvait participer pour cause de blessure, que j’ai partagé avec Elise Christie cette anecdote. «Wow merci, c’est très gentil! Je crois que tu étais plus confiant que moi! Tout semblait facile durant cette saison 2016-2017» de répliquer Christie avec le sourire. Il y a des saisons comme ça dans la vie des plus grands athlètes où tout semble vouloir se mettre en place avec aisance. On appelle ça le timing. Tout le contraire de la plus récente saison alors que la patineuse originaire d’Écosse à dû se battre avec des blessures, dont une majeure lors des Jeux de Pyeongchang. «J’avais vraiment l’impression d’être plus forte cette année. À l’entraînement, j’étais plus rapide que par le passé, mais j’avais de la difficulté à trouver les bons ajustements et j’ai dû composer avec plusieurs blessures. Durant la saison, je n’ai pas eu l’occasion de courser beaucoup. Je me contentais de m’accrocher. Je comprends que j’étais vu comme une possible championne olympique à l’ouverture des Jeux, mais j’étais loin d’être dans les meilleures dispositions pour le devenir.» Je débute normalement mes rencontres d’entrevue pour écrire des portraits par l’enfance. Dans le cas présent, considérant que ses résultats aux Jeux avaient tellement fait parler, je me devais  de me débarrasser de l’éléphant dans la pièce, mais j’avais surtout envie d'échanger sur son désir de patiner malgré la douleur. «Après ma blessure aux Jeux, on m'avait mis en garde concernant les risques que j’encourais en décidant de poursuivre la compétition. Ma cheville était pratiquement deux fois plus grosse que d'habitude et je me souviens que le matin où j’ai participé à la période d’échauffement après 48h d’inactivité complète, je me faisais larguer par Charlotte et Kat et même si elles sont de bonnes patineuses, d’habitude c’est plutôt le contraire qui se produit. C’est là que j’ai commencé à me dire ‘Est-ce que ça vaut vraiment la peine de continuer?’ J’ai fini par penser aux jeunes Britanniques à la maison qui me regardaient et à me dire que l’adrénaline me ferait tenir le coup et ça été le cas lors du premier départ. Je voulais vraiment donner tout ce que j’avais pour la Grande-Bretagne parce que, pendant plusieurs années, il y avait eu peu d’espoir en courte piste pour le pays. J’avais envie que ça change. Je sais que je suis solide et que je peux être dure physiquement avec mon corps alors je suis retourné à la ligne de départ à la reprise, mais ça ne s’est pas terminé comme je l’aurais souhaité.» Christie est retournée au pays avec deux ligaments amochés et un tendon partiellement déchiré qui lui auront demandé quelques mois de réhabilitation.

Au moment de publier cet article, Elise Christie venait à peine de rechausser ses patins, après trois mois et demi en dehors de la glace. 

Les premiers assauts
Même si elle est âgé de 27 ans, Elise Christie ne possède pas autant d’expérience en courte piste que plusieurs pourraient le croire. C’est à l’âge de 13 ans qu'elle a donné ses premiers coups de patin sur 111m, mais à l’époque le courte piste était une activité qu'elle pratiquait environ une fois par mois pour se changer les idées de ses entraînements de patinage artistique. Vers l’âge de 16 ans, alors que la majorité des jeunes athlètes sont à décider s'ils veulent mettre tous les efforts nécessaires pour tenter l’aventure d’une carrière sportive de haut niveau, Christie arrête tout pour se concentrer sur l’école. «Je n’ai pas grandi dans une famille hautement axée sur le sport. Ma famille était plutôt dirigée vers la performance académique. Je n’ai jamais rêvé des Jeux olympiques quand j’étais jeune. Je faisais du sport parce que j’étais compétitive et que j’aimais ça, mais quand je pensais au futur c’était plus à quelle école j’allais étudié et à quel emploi j’aurais plus tard que je pensais. Ma mère voulait que je reste active donc elle m’a un peu forcé à reprendre le courte piste pour au moins un an. Elle ne voulait pas que je réalise plus tard que j’avais peut être raté une opportunité. J’y allais sans vraiment avoir d’objectif. J’avais une certaine facilité au niveau de la technique. J’ai commencé à m’entraîner de plus en plus fréquemment et de plus en plus fort et j’ai fini par rejoindre le circuit de Coupe du monde et me qualifier pour les Jeux de Vancouver. Je me souviens m’être dit ‘Wow, c’est plutôt cool!’ mais ce n’est qu'après ces premiers Jeux que j'ai décidé que je voulais poursuivre une carrière en courte piste. Cette même année, j’ai participé à ma première grande finale aux Championnats du monde et je l’ai fait en patinant de l’avant et en me battant avec les autres. Je me suis dit ‘À partir de maintenant, ils vont devoir me battre’ J’avais décidé que les autres ne pourraient plus me prendre à la légère.»


Remporter la ceinture
Entre les Jeux olympiques de Vancouver en 2010 et ceux de Pyeongchang en 2018, Elise Christie a remporté 37 médailles en Coupe du monde dont 15 d’or. Elle a également remporté 17 médailles de Championnats Européens étant entre autres couronnée grande championne Européenne à deux reprises. Même si elle ne possède pas de médaille olympique, c’est 12 médailles en Championnats du monde qui font partie de sa collection dont un titre de Championne du monde 2017 au cumulatif. Elle est également détentrice du record du monde sur 500m. Quand je lui ai fait remarquer que j’avais le sentiment que quelque chose avait changé durant la saison 2016-17, elle a confirmé mon impression. «J’avais toujours en tête que la Grande-Bretagne ne gagnait jamais et après les Jeux Olympiques de Sotchi, j’ai développé une profonde peur de l’échec. Je me suis mis à m’en faire beaucoup trop quant à ce que les gens pensaient de moi et lorsque je me trouvais en situation pour remporter une médaille d’argent ou de bronze, je n’essayais plus rien, je me contentais d’une médaille de peur d'échouer en voulant plus. En 2016 quand je suis revenu des Championnats du monde à Séoul, Shaolin m’a un peu remise à ma place me demandant pourquoi je m’étais contenté de ma position. Il était peiné par ma situation parce qu'il fait partie de ceux qui savent à quel point je travaille fort. Cet été là a été difficile. Je me sentais épuisé et quand j’ai retrouvé l’équipe pour la saison suivante, j’ai dis au entraîneurs et aux responsables que je me foutais que les Olympiques soient dans deux ans et que j’allais maintenant jouer le tout pour le tout. Je leur ai expliqué que des médailles d’argent et de bronze supplémentaires ne m’apporteraient absolument rien. J’avais décidé que durant cette saison ce serait tout ou rien et que je n’aurais plus peur de l’échec et ça a fonctionné.» Et c’est comme ça qu'Elise Christie est devenue championne du monde.

Les prochains combats
À 27 ans, la jeune femme n’est pas prête à accrocher ses patins. «Je sais que je veux poursuivre ma carrière d’athlète car je suis très compétitive et j’ai bien sûr le sentiment d’une œuvre inachevée. Je serai de retour l’an prochain et j’ai l’intention d’être aux Championnats du monde, mais je veux également faire un essai en longue piste. J’ai reçu énormément de critiques au cours de ma carrière et je me dis souvent que je ne vois pas comment je pourrais retourner aux Jeux olympiques et revivre les même expériences, mais j’aime encore patiner. Je vais définitivement prendre une approche différente à partir de maintenant et m’assurer que si je poursuis encore jusqu'aux prochains Jeux olympiques, je serai à mon mieux physiquement et mentalement. Je ne vais plus gérer chaque course comme un combat. Je le fais depuis huit ans, je dois maintenant me préparer autrement.»

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