L’automne qui arrive est synonyme de sélections nationales pour les fans de courte piste au Canada et cette année le format est différent. Malheureusement, il saute aux yeux plus que jamais en ce moment qu'en courte piste au Canada, la politique prend le dessus sur les résultats.
Par Carl Savard
Photo par Patrick Charbonneau
Je ne me souviens pas la dernière fois qu'un calendrier de compétition ou un format de sélection ait mené à autant d'interrogation. À 12 jours du début de la saison, des entraîneurs et même des fédérations ne savent pas tout à fait encore comment sera menée la saison 2018/19 sur le plan national. Ces derniers jours, c’est surtout la liste des patineurs qui participeront à la première compétition nationale dans moins de deux semaines qui donne des maux de tête. Au premier coup d'œil, on pourrait être tenté de sourire en se disant: “Wow! Normalement il n’y a que 16 patineurs et 16 patineuses qui participent au processus de sélection en vue des Coupes du monde de l’automne et cette année c’est 24!” Pourtant, il suffit de consulter la liste des invités et le nom de la compétition pour déchanter. Habituellement, la première compétition de la saison est une sélection seulement, mais pas cette année. Cette année, ce sont les Championnats canadiens qui servent de sélection en vue des Coupes du monde. Ces championnats, qui ont lieu en temps normal plus tard durant la saison, mettent habituellement en scène les 32 meilleurs athlètes masculins et féminins au Canada. C’est d'ailleurs ce que doit être un championnat national. Un affrontement entre les meilleurs athlètes au pays, sans égard au statut de l'athlète sur le plan quadriennal de la machine en place. Cette année ce ne sera pas 32 patineurs et 32 patineuses qui y prendront part mais 24 et ce ne seront pas les 24 meilleurs qui croiseront le fer. Vous avez commencé à vous gratter la tête en lisant la dernière phrase? Bienvenue dans le monde actuel du patinage de vitesse courte piste au Canada.
En regardant la liste des patineurs qui s’élanceront sur la glace de l’aréna Maurice-Richard sous peu, on remarque tout de suite que des patineurs sont identifiés Next Gen (Nouvelle Génération). Évidemment, ces patineurs sont des jeunes athlètes que Patinage de Vitesse Canada a identifié comme étant des espoirs, des étoiles en devenir. Il est bien sûr important que le Canada supporte les champions de demain, mais il y a un temps pour chaque chose. Même si le monde du sport sera toujours difficile et intraitable, il est toujours possible d’opérer dans le respect. Cette fois-ci, Patinage de Vitesse Canada l’échappe totalement. Les patineurs d’âge junior ont déjà leur propre championnat canadien junior et l’ancienne façon de faire leur permettait de participer aux Championnats séniors s’ils faisaient la preuve qu'ils pouvaient réellement battre des patineurs d’âge sénior. Cette année aux Championnats canadiens, certains jeunes patineurs qui n’ont jamais participé à une compétition sénior ou prouvé qu'ils peuvent se battre avec les patineurs de ce groupe d’âge se retrouveront sur la ligne de départ aux côtés de Charles Hamelin et Kim Boutin pendant que des patineurs d’âge sénior meilleurs qu'eux se voient refuser de participer à leurs championnats nationaux. La situation est claire et limpide. Les hautes instances du patinage de vitesse courte piste au Canada sont en train de montrer la porte de façon cavalière à certains patineurs.
Patinage de Vitesse Canada a décidé que les championnats nationaux seraient composés des patineurs qui font déjà partie de l’équipe nationale ou de l’équipe de développement et que les places suivantes seraient offertes en priorité à des patineurs qu'ils voient comme le futur du courte piste au pays. Les quelques places restantes pour se rendre à 24 seront quant à elles comblées par les patineurs séniors restants. En regardant la liste, on remarque entre autres que le nom d’Alexis Marceau vient au 24e rang. Dans les faits, Marceau devrait être 17e sur la liste, le prochain en liste si quelques chose devait arriver à un des patineurs du top 16. Somme toute, dans le mode de sélection utilisé par Patinage de Vitesse Canada cette année, le patineur qui devrait logiquement être le prochain sur l’équipe en se basant sur ses résultats, fait les Championnats canadiens de justesse. Et ce n’est qu'une des incongruités que l’on peut déceler en s’attardant à la liste. Certains des jeunes patineurs qui participeront aux Championnats canadiens et dont la sélection discrétionnaire empêchent des patineurs méritant de prendre part à la compétition, ne tiendraient pas le rythme face à ces derniers. Vous pouvez donc imaginer le portrait lorsqu'ils patineront contre les Hamelin, Boutin, Dion et compagnie plus tard ce mois-ci.
L’an dernier, j’ai eu un bon échange avec Olivier Jean. La carrière de Jean a éclos sur le tard. Une éclosion tardive qui l’aura vue joindre l’équipe nationale alors que ses amis patinaient déjà sur le circuit de la Coupe du monde. Une éclosion tardive qui l’aura vue, à 28 ans, devenir champion du monde sur 500m. Pendant notre échange, il m’avait confié qu'il avait fini par ne pas s’occuper de la politique du sport, focalisant plutôt sur le fait que ses résultats parleraient d’eux mêmes. Il semble que maintenant au Canada, ça n’a plus vraiment d’importance que tes résultats soient assez bons pour pouvoir te présenter sur la ligne de départ de ton championnat national. Si Patinage de Vitesse Canada pense que tu es trop vieux pour éventuellement éclore, ta carrière est terminée et ce même si tes résultats te placent encore parmi les meilleurs de ton pays. Un tel comportement a pour nom de l’âgisme et n’a de place dans aucune des différentes sphères de la société.
0 commentaires:
Publier un commentaire