Genève
Bélanger a terminé 3e aux sélections nationales canadiennes en mars dernier pour ainsi confirmer sa place sur l’équipe nationale sénior. La
patineuse originaire de Montréal revient de loin. Après un an
sans brevet, elle décide à l’automne 2017 de partir s’entraîner
à Calgary pendant plus d’un an. Selon ses dires, cette décision est probablement
la meilleure qu'elle ait prise dans sa carrière.
Par Caroline Truchon
Photos par Sébastien Cadorette et collection personnelle Genève Bélanger
C’est à l’âge de 8 ans que Genève Bélanger commence le patinage de vitesse à l’aréna Saint-Michel. Elle et sa meilleure amie de l’époque, Camille De Serres-Rainville, passaient des journées entières à faire du patin à roues alignées dans la rue en essayant d’imiter la position de patineuse sur glace. Sa mère lui a alors proposé d’essayer le courte piste. C’est à l’hiver 2009, quand elle a gagné toutes les distances aux Jeux du Québec à Valleyfield, qu’elle réalise qu'elle veut devenir la meilleure, qu’elle veut aller aux Jeux olympiques: «Dès que j’entreprends quelque chose dans ma vie, j’y vais "all in". Je suis perfectionniste. Je ne fais pas quelque chose pour le faire à moitié.» Arrivée au centre national à temps partiel à l'âge de 14 ans et à
temps plein à 17 ans, on peut croire que le personnel d’encadrement
avait de belles ambitions pour Genève Bélanger.
Au lendemain des sélections olympiques en septembre 2017, plus rien n’allait du côté de Bélanger: «J’avais besoin de changer d’air et j’avais l’impression qu’avec l’équipe ici à Montréal on avait essayé plusieurs types d’entraînement sans pouvoir trouver de réponse pour moi.» Changer d’air. La structure à Calgary est beaucoup moins rigide qu’à Montréal en plus de varier le type d’entraînement au lieu de ne faire que de la glace, comme des camps de vélo entre autres. Elle ajoute également qu’elle n’avait plus la flamme à Montréal: «Les gens croyaient moins en moi et je le sentais.»
À son arrivé à Calgary
à l’automne 2017, un physiologiste l’a évalué pendant deux
semaines pour savoir et comprendre son corps. On a alors décidé
quel type d’entraînement lui convenait le mieux : « J’en
ai appris plus sur moi-même en un an à Calgary que toutes les autres années à
Montréal». Après avoir accumulé dans son coffre tous ces outils,
elle était prête à revenir à la maison en janvier 2019. Elle avait aussi trouvé l’amour dans l’Ouest canadien. Elle savait mieux où elle en était et avait des objectifs bien précis. Elle
était maintenant plus confiante d’exprimer son opinion face aux
entraîneurs.
En
mars dernier, tu as pris le 3e
rang des sélections nationales pour ainsi t’assurer une place sur
l’équipe sénior. Comment tu t’es senti ?
«
Mon but c’était de me ressentir bien sur la glace, d’être fière
de moi. Je ne le réalisais pas, c’était indescriptible. Pendant
tellement d’années, je n’étais pas capable de battre certaines
filles et la progression s’est faite quand même rapidement. J’ai
eu de la difficulté à l’assimiler sur le moment, j’étais tellement heureuse. J’étais délivrée. Cela a confirmé
que j’avais pris la bonne décision d’aller à Calgary. Si je n’y étais pas allé, je ne pense pas que je patinerais
encore. »
Depuis
quelques années, plusieurs patineuses ont fait des surentraînements,
est-ce que ce serait à cause de la structure trop rigide selon toi?
«Les
Pays-Bas, l’Italie et la Hongrie, ils n’ont même pas commencé à
faire de la glace et nous on fait déjà de la vitesse. Je pense
qu’il y a encore une adaptation à faire avec la nouvelle
génération. Plein de choses changent, par rapport à la technologie
par exemple, il faut toujours que tu t’adaptes et changes ta
manière de faire, car il faut évoluer avec le temps. Je trouve
qu’on a de la misère à s’adapter. On essaie trop de faire comme
avant, parce que ça fonctionnait avant. Il faut commencer à être
plus ouvert. Dans certains aspects, on commence à l’être un peu
plus et je trouve ça vraiment encourageant, car ça veut dire que
notre équipe nous écoute et veut aussi devenir meilleure. Par
contre, c’est quelque chose qui ne se change pas du jour au
lendemain. On le voit dans les résultats, on n'est plus aussi
dominant que par le passé, il faut donc continuer d’innover et
changer la mentalité. »
Quels
sont tes objectifs pour la saison 2019-2020?
«
Faire les coupes du monde. Ça me manque énormément. Depuis le
début de l’été, c’est à ça que je pense tous les jours. Mon
but est clair et précis. Tout peut arriver, mais c’est sûr que si
je ne me classe pas, ça va être une grosse déception. En même
temps, on est beaucoup de patineuses de haut calibre et ça va être
une bonne bataille, mais j’espère être de retour sur le circuit
international. »
Comment
se passe l’entraînement cet été jusqu’à maintenant?
«Ça
se passe très bien. On fait des cycles de trois semaines et une
semaine de congé. Je trouve ça bien, car on a le temps de faire
autre chose. J’ai eu l’opportunité de retourner à Calgary,
faire des randonnées et être dans la nature. Après, j’étais
prête pour retourner faire un autres trois semaines d’entraînements. Frédéric, mon entraîneur, à très bien ajusté mon plan
d’entraînement. Il me connaît depuis que j’ai 10 ans. Pendant
le cycle de vitesse, on a continué à travailler plus en PAM et VAM
pour la base qu’on travaillait beaucoup pendant l’été quand
j’étais à Calgary, on a donc décidé de continuer dans cette
voie. Je suis capable de prendre l’intensité à l’entraînement
seulement quand j’ai une bonne base acquise. »
On
peut donc s’attendre à de bons résultats de Genève cette saison.
Quand je lui ai demandé si elle avait un mot de la fin, elle avait
un mot pour tous ces patineurs ou athlètes, peu importe leur sport :
« Ce n’est pas les mauvais résultats qui définissent ce que tu
es dans la vie. Il faut en premier lieu que tu crois en toi et tant
que tu crois en toi, il y a de l’espoir. Si tu es prêt à y mettre
l’effort, tu peux tout accomplir. » En effet, la patineuse
originaire de Montréal n’a jamais perdu espoir et elle est maintenant
prête à tout accomplir durant cette saison 2019-2020.
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