Texte: Carl Savard
Photos: Tony Chung/@SHORTTRACKHD, Marc-Antoine Caron, Passion/Patin/Vitesse et collection personnelle Cynthia Mascitto
Parfois la vie nous pousse vers un chemin sur lequel nous n’avions pas envisagé voyager. Un plan B est toujours utile, mais dans nos rêves le plan A est toujours celui qui prévaut. Dans les rêves de Cynthia Mascitto, elle montait sur des podiums internationaux portant une combinaison de compétition rouge et blanche ornée d’une feuille d’érable. Depuis l’an dernier, elle porte du vert du blanc et du rouge.
Même si je suis les activités du patinage de vitesse courte piste de façon plus intensive depuis maintenant sept ans, je n’avais pas encore eu l’opportunité de rencontrer Cynthia Mascitto. Son nom faisait souvent surface lors de discussions sur les patineuses à surveiller dans le futur pour le Canada, mais nos chemins ne s’étaient jamais croisés. C’est dans un petit café de Terrebonne,Qc que j’ai fait connaissance avec la nouvelle recrue de l’équipe italienne en courte piste.
Ses débuts au Canada
Il n’en fut pas long pour que je prenne connaissance du fait que Mascitto est une jeune femme déterminé, avec de l’assurance. Elle dit les choses comme elle les ressent, sans détour ni artifice. À vingt-quatre ans, elle a déjà vingt ans d’expérience sur glace. Elle n’a jamais questionné son amour du sport, même quand les blessures ont rendues les choses plus difficiles. Elle a chaussé les patins pour la première fois à l’âge de quatre ans à Laval, Qc et a dix-huit ans elle se joignait au club Montreal-Inter devenu depuis le CRCE. Pendant son enfance, outre le patin, elle a également joué au tennis et au soccer. À l’âge de quinze ans, des problèmes de genoux on finit par la mettre devant l’obligation de ne se concentrer que sur un sport. Il était clair pour Cynthia Mascitto que le patinage de vitesse aurait toute son attention. Pendant toutes ces années à bûcher à l’entraînement et à compétitionner, Mascitto n’a qu’une idée en tête: représenter le Canada sur la scène internationale. Malheureusement, le timing et la politique du sport viennent contrecarrer ses plans.
Son exil sportif vers l’Italie
Être dépouillé de son classement sur l’échiquier canadien pour des raisons basés sur autre chose que des résultats, laisse un goût amer. Pour la première fois de sa carrière, Cynthia Mascitto remet en question son sport. Incertaine quand à la suite des choses, l’athlète canadienne parle de sa situation à sa bonne amie Arianna Fontana, vedette italienne de patinage de vitesse courte piste. Une pensée qui n’a jamais frôlé son esprit avant ce moment se pointe: serait-ce l’heure de la retraite? Quelques jours après sa discussion avec Fontana, cette dernière entre en contact avec Mascitto pour lui dire qu’après avoir discuté avec l’entraîneur italien, l’équipe italienne serait ouverte à l’accueillir dans ses rangs. Même si l’obtention de sa citoyenneté n’est qu’une formalité considérant que ses deux parents sont d'origine italienne, quitté pour l’Italie n’est pas une décision facile à prendre. Partir, c’est quitter sa famille, ses amis, mais également ses entraîneurs Sylvain et Marc Gagnon, tous les deux convaincus qu’ils peuvent encore l’aider à gagner sa place sur l’équipe canadienne. Bien qu’ils aimeraient garder Cynthia avec eux, les frères Gagnon appuient la patineuse dans sa décision, conscient qu’elle a le talent pour patiner sur le circuit mondial.
Même si Mascitto est de nature sociable et connaît déjà une des membres de l’équipe italienne, son plan de match est clair: prendre sa place tout en étant discrète et humble et s’assurer que son ardeur au travail et ses résultats parlent d’eux-mêmes. Consciente que son arrivée sur l’équipe enlève la place d’une autre patineuse, elle s’assure d’être une bonne coéquipière. Elle veut prouver aux dirigeants de l’équipe qu’ils ont bien fait de l’accueillir parmi eux. Rapidement, Cynthia Mascitto donne à l’Italie des raisons de sourire.
Même si Mascitto est de nature sociable et connaît déjà une des membres de l’équipe italienne, son plan de match est clair: prendre sa place tout en étant discrète et humble et s’assurer que son ardeur au travail et ses résultats parlent d’eux-mêmes. Consciente que son arrivée sur l’équipe enlève la place d’une autre patineuse, elle s’assure d’être une bonne coéquipière. Elle veut prouver aux dirigeants de l’équipe qu’ils ont bien fait de l’accueillir parmi eux. Rapidement, Cynthia Mascitto donne à l’Italie des raisons de sourire.
Ses résultats outre-mer
À sa première participation sur le circuit de la Coupe du Monde portant les couleurs de l’Italie, Cynthia Mascitto termine 13e sur 1000m. Le meilleur classement de l’équipe italienne sur cette distance durant ce premier weekend de compétition à Calgary. Bien que les choses ne se passent pas aussi bien à Salt Lake City la semaine suivante, elle revient en force à Shangaï finissant 19e sur 500m et 12e sur 1000m. À Dresden lors de la 5e manche de la Coupe du Monde, Mascitto termine 14e lors du second 1500m de la compétition et rafle la deuxième place de la finale B sur 1000m. À Minsk, dernier weekend de la saison sur le circuit, elle remporte la médaille de bronze sur 1000m. Même si la chance est venue se mêler de ce résultat, ce podium est une preuve pour elle même, pour l’équipe italienne et avouons le, pour l’équipe canadienne également que Mascitto a les atouts nécessaires pour briller.
Notre entretien s’est par la suite aligné sur la suite des choses. Nous devions bien sûr parler de la possibilité de compétitionner lors des prochains Jeux Olympiques en Corée du Sud. Pour tout patineur de vitesse rêvant d’atteindre les plus hauts sommets de son sport, le rêve ultime est de prendre part au plus gros spectacle sportif de la planète. J’avais bien hâte qu’elle me parle du processus de sélection et de l’échéancier menant à l’annonce de l’équipe officielle qui représentera l’Italie au Jeux Olympique de Pyeongchang 2018. “Je crois que les six qu’ils envoient à la Coupe du Monde cet automne, ce sera ceux qui iront aux Olympiques, mais je ne suis pas sûr. De toute façon, ce n’est pas quelque chose que je peux contrôler. Je me concentre sur ce que j’ai à faire et ce que je peux contrôler.” À l’écoute de ces mots, je n’ai pu m’empêcher de me dire “Chat échaudé craint l’eau froide”
La vrai nature de l’athlète
Alors que notre discussion tirait à sa fin et que j’avais fait le tour des questions qui me brûlaient les lèvres, Cynthia Mascitto m'a révélé sans pudeur quel type d’athlète elle était. J'étais content d’avoir laissé mon enregistreur vocal rouler.
“Quand j’ai gagné ma médaille j’ai été un peu chanceuse. Mes parents m’ont demandé pourquoi je n’avais pas souris. Je n’étais pas déçu, mais j’ai toujours été comme ça. J’aurais été aussi fière de battre une coréenne en demi-finale et de faire un top huit en faisant la finale B que de mon podium. J’aime quand mes résultats ne sont basés que sur mes efforts et mes actions sans que la chance vienne s’en mêler.”
Comme je vous le disais plus tôt, Mascitto est une athlète déterminée et elle dit les choses comme elles sont. Elle trime dure à l’entraînement et en course et aime quand ses résultats sont dû à ses performances et à ses stratégies.
“Une de mes courses que j’ai été le plus fière de ma vie, j’étais jeune, j’avais quinze ans. C’était une 1500m. J’étais encore à Laval. Dans ma semi du 1500m il y avait deux filles de l’équipe nationale et quatre filles de Montreal-Inter. Quatre filles étaient cassées derrière et en avant on était Ivanie Blondin, Laurie Marceau et moi. J’étais deuxième, Laurie était derrière moi et s’en allait vers l’extérieur alors je suis allé à l’intérieur pour dépasser Ivanie. Il restait un tour. Ivanie est allé “out” pour bloquer Laurie alors j'ai essayé d’aller “in”, mais quand Ivanie m’a vu elle a fermé la porte et les trois on est tombé. J’ai été disqualifié, mais pour moi c’était ma plus belle course à vie parce que jusque là j’avais fait une course parfaite. J’avais battu des filles de Montreal-Inter qui étaient plus vieilles que moi et j’étais en train de me battre avec des filles sur l’équipe et ça allait super bien. J’étais fier de comment j’avais patiné.”
Ce désir de performer est l’une des raisons pour lesquelles elle a si bien représenté l’Italie la saison dernière. On ne peut plus parler de plan B. Le choix qu’elle a fait est en train de tourner en un rêve qui prouve qu’elle mérite de patiner avec les meilleurs au monde. Parfois la vie nous pousse vers un chemin sur lequel on n’avait pas envisagé voyager. L’important est de saisir le moment, de rouler avec les coups et d’en faire notre plan A. C’est exactement ce que Cynthia Mascitto est en train de faire.
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