Pour les amateurs de patinage de vitesse courte piste d’un peu partout dans le monde, le nom de Pascal Dion est déjà synonyme de “fier compétiteur”. À 23 ans, Dion possède six médailles de Coupe du monde soit une en épreuve individuelle sur 1000m à Gangneung en 2016 et cinq en tant que membre actif de l’équipe canadienne de relais. À l’aube de sa première participation aux Jeux olympiques, Dion a bien voulu nous accorder une entrevue entre deux séances d'entraînement.
Par Carl Savard
Photos: Schaats Foto’s, Carl Savard et collection personnelle Pascal Dion
Le camp de base
C’est à l’âge de six ans que le petit Pascal a commencé à tourner en rond vers la gauche après un an à tourner sur lui-même en patinage artistique. Comme les deux sports sont souvent pratiqués au même moment sur deux glaces différentes à l’aréna Rodrigue-Gilbert de Pointe-aux-Trembles, Dion n’a eu qu'à traverser le bâtiment pour finalement découvrir ce sport qui lui plaît tant et dans lequel il excelle maintenant sur la scène internationale. “J’ai aimé ça dès le début. C’est sûr que quand tu es jeune, tu fais souvent plusieurs sports. Je jouais au soccer et au hockey dehors avec mes amis. Les premières années, le patinage de vitesse n’était pas une priorité. Puis vers l’âge de douze ans, le patin est devenu plus important, j’étais plus focus. J’ai commencé à voir plus grand.” Après quelques années à recevoir les conseils d’excellents coachs comme Annie Sarrat et Marc-André Monette, l’objectif est devenu clair pour Pascal Dion: “Mon but c’était de me rendre à l’équipe nationale. C’est le plus grand défi d’une carrière au Canada parce qu'il y a tellement de bons patineurs. Après on peut commencer à se mettre d’autres défis.”
La montée
Si certaines carrières partent en lion et s’éteignent rapidement, celle de Pascal Dion semble être sur une courbe ascendante en montée constante. Après une participation aux Universiades lors de la saison 2014-2015, Dion se joint à l’équipe canadienne pour une première participation en Coupe du monde la saison suivante et aide le Canada à remporter une médaille au relais. Durant la saison 2016-2017, le jeune homme de Pointe-aux-Trembles remporte sa première médaille individuelle en Coupe du monde. Une médaille d’argent sur 1000m en Corée du Sud, à l’endroit même qui accueillera la compétition de patinage de vitesse courte piste des Jeux olympiques dans deux semaines. En août dernier, alors qu’il en était à sa première opportunité de pouvoir se qualifier pour les Jeux olympiques, Pascal Dion nous avait confié vouloir mettre cette compétition extrêmement importante sur le même pied que n’importe quelle autre compétition. Un pari beaucoup plus dur à relever que prévu: “J’ai eu une super bonne première journée et rien n’a fonctionné comme je le voulais par la suite jusqu'au weekend suivant lors de la dernière journée des Sélections. J’ai eu de petits problèmes de lames, mais je pense surtout que je compliquais un peu trop les choses dans ma tête. J’essayais de nouvelles stratégies que je n’avais jamais essayé. J’étais sorti de mon plan de match habituel. Le dernier jour des Sélections j’étais plus focus.” Une réflexion qui me rappelait ma discussion avec Sasha Fathoullin l’an dernier sur comment un athlète sous pression tente parfois d'en faire trop. Finalement, c’est sur la dernière course de la compétition, échelonnée sur cinq jours, que Pascal Dion a obtenu son billet pour les Jeux olympiques. “J’avoue que de me qualifier pour les Jeux a été un soulagement. Avec les performances que j’avais offertes dans les dernières saisons, je me mettais une certaine pression. Être sélectionné pour les Jeux c’est un peu un aboutissement de toutes mes années à patiner.”
Le sommet
Sur le point de quitter pour la plus grosse compétition de sa vie, Dion était excité à l’idée de patiner en Corée du sud, là où le patinage de vitesse courte piste connait le même engouement que le hockey au Canada ou le foot en Europe. “Même quand tu n’es pas sur la glace en train de patiner, juste ressentir l’énergie et entendre les cris de la foule c’est quelque chose.” Même si le jeune homme a acquis de l’expérience au niveau international dans les dernières années, il est difficile de vraiment saisir l’ampleur des Jeux olympiques. “Quand tu n’as jamais vécu les Jeux comme moi, c’est sûr que c’est difficile de se préparer, mais tu dois essayer de focaliser pour ne pas changer tes habitudes et rester le plus possible dans ta routine. Les Jeux olympiques c’est gros. Je vais devoir trouver un équilibre entre vivre mon moment olympique tout en étant prêt pour la compétition.”
Les montagnes à venir
Comme mentionné plus tôt, Dion ne tarit pas d’éloges envers les entraîneurs qui lui ont prodigué conseils et enseignements de ses débuts au club de patinage de vitesse de Pointe-aux-Trembles jusqu'à son ascension au sommet de la pyramide au Canada. Quand son horaire le permet, il aide à son tour le club où il a donné ses premiers coups de patin. “Je me souviens à quel point ça nous motivait d’avoir un modèle actif quand notre coach Marc-André Monette partait en Coupe du monde. J’adore "coacher", peut-être que plus tard ça pourrait être une option pour moi.” En attendant, Dion n’a pas fini de nous en mettre plein la vue. Sa carrière ne fait que commencer et la retraite imminente des vétérans François et Charles Hamelin mettra sur les épaules du jeune homme une pression supplémentaire qu'il aura la chance de partager avec d’autres excellents patineurs comme Charle Cournoyer et Samuel Girard. Avant de se quitter, Pascal Dion m’a tout de même laissé un message important: “Je pense qu'une des choses qui a manqué dans ma jeunesse en tant que patineur et qui manque encore aujourd'hui, c’est qu'il n’y a pas assez de visibilité pour notre sport durant les saisons régulières de Coupe du monde et les Championnats du monde."
Message reçu Pascal!
Tel qu'annoncé le 24 janvier dernier, vous pourrez voir Pascal Dion en action lors des Jeux olympiques de Pyeongchang le 10 février prochain sur 1500m en distance individuelle. Considérant les performances du Canada cette saison en Coupe du monde, l’équipe canadienne devrait faire partie de la grande finale du relais par équipe qui aura lieu le 22 février.
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