Samuel Girard: rêver grand ~ Passion/Patin/Vitesse - Passion/Speed/Skating

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8 février 2018

Samuel Girard: rêver grand


Comme tout athlète de haut niveau, Samuel Girard rêve grand. Bien sûr, la gloire olympique et d’éventuels titres de champion du monde font partie de ce rêve, mais dans les faits, tout ça n’est qu'une partie de l’équation. Outre rêver d’une grande carrière, Samuel Girard rêve de grands espaces et de grands projets. C’est dans un petit café de Montréal, que nous avons eu une grande discussion.

Par Carl Savard
Photos par Schaats Foto's, Patrick Charbonneau, Tony Chung (@SHORTTRACKHD) et Maxime Laoun

À 21 ans, Samuel Girard est déjà perçu comme l’un des meilleurs patineurs de vitesse courte piste au monde. Combinant puissance et fluidité, Girard ne semble jamais en difficulté sur la glace. Des qualités qui l’ont propulsé rapidement au sommet de son sport au Canada et par le fait même dans le monde. “Quand j’ai quitté le Saguenay pour venir m’installer à Montréal, c’est là que j’ai développé encore plus mon amour du patin. C’est en me qualifiant pour mes premiers Championnats du monde juniors que j’ai vraiment commencé à croire que je pouvais vraiment aller loin. J’avais toujours aimé ça, mais c’est à ce moment là que j’ai décidé de m’investir à fond. Le timing était parfait. Je m'entrainais maintenant à Montréal, certains membres de l’équipe quittaient après Sotchi et j’ai eu rapidement la chance de patiner en Coupe du monde. Il n’y avait jamais de creux. Tout a déboulé. Ma famille me manquait, mais je vivais tellement de belles choses. J’apprenais beaucoup et je m’améliorais comme je ne m’étais jamais amélioré avant.”

Samuel Girard a tellement été un bon élève que c’était comme s'il avait levé la main du fond de la classe pour dire “Présent!” lorsque les gens ont commencé à se demander qui serait le chien de tête de l’équipe canadienne lorsque le légendaire Charles Hamelin prendrait sa retraite. “Je pense que ça s’est quand même fait graduellement. Je ne me suis jamais dit: “Je vais prendre la place de Charles.” J’ai fait mes preuves, j’ai gagné des médailles en Coupe du monde et en Championnats du monde et je me suis classé pour les Jeux. Les gens ont commencé à dire que j’étais le prochain Charles Hamelin. Je ne suis pas le prochain Charles Hamelin. Je suis Samuel Girard. Je ne me mets pas de pression avec l’idée de mener l’équipe dans le futur. Si ça devient mon rôle, je vais le faire, mais je vais le faire à ma façon. Si après le départ de Charles Hamelin c’est un autre coéquipier, comme Charle Cournoyer par exemple, qui se met à tout gagner et qui devient le leader, je vais le suivre et quand ce sera mon tour de prendre ce rôle je serai là pour le faire aussi.”  



Il y a dans les mots de Girard une sagesse qu'on retrouve rarement chez les jeunes de son âge. Comme si la pression ne l’atteignait pas. Comme s'il était déjà passé par là. Un jeune homme bien enraciné, pour qui la vie d’athlète de niveau élite en est une comprenant plus de grands moments que de sacrifices. “Je suis assez chanceux, je n’ai pas vraiment besoin d’avoir un régime très spécifique. Quand on voyage, je ne suis pas difficile donc les repas ne sont jamais un problème en voyage non plus. J’aime ça m’entraîner et travailler fort. La chose qui me manque c’est de pratiquer d’autres sports, surtout le ski. La montagne, la neige, la vue au sommet, le grand air, les grands espaces, la possibilité de faire ça en famille ou avec des amis ça me manque. Sinon, je fait ma petite affaire, je m’entraîne et je garde un équilibre entre ma vie personnelle et ma vie d'athlète.”

Sa vie d’athlète est déjà décorée de nombreuses médailles et réalisations importantes. Entre 2013 et 2017, Samuel Girard s’est démarqué au niveau junior et sénior autant sur la scène nationale qu'internationale, mais le rêve ultime est a quelques heures d’être atteignable: faire sa place dans l’histoire Olympique. “Les Jeux olympiques c’est gros. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre mais dans ma tête, comme ce sont mes premiers, je vais là pour apprendre. Apprendre à gérer mon temps, mon énergie, mon focus, découvrir la glace, mais en même temps profiter des Jeux. Trouver un équilibre. J’ai la chance d’avoir trois coéquipiers chez les gars qui y sont déjà allés, qui ont un patron déjà établi, alors je vais les suivre, prendre des notes et m’amuser. Pour ce qui est de l’attention médiatique qui entours les Jeux, ce n’est pas quelque chose qui me stress, ça vient avec la job. J’espère éventuellement pouvoir utiliser cette attention pour développer ma marque de commerce et pouvoir en profiter après ma carrière.”

Alors qu'il s’apprête à patiner en Corée, où le courte piste est un sport majeur et qu'il a eu la chance de patiner aux Pays-Bas, qui depuis quelques années n’a pas seulement développé son programme de courte piste, mais a aussi développé la façon de présenter les compétitions de manière spectaculaire, il fait bon d’entendre l’athlète canadien exprimer son désir de voir son sport se développer également ici sur ce point. “Patiner avec la musique d’ambiance qui joue en même temps, je n’ai aucun problème avec ça. Je trouve que ça fait maintenant partie de la beauté de notre sport. Si on peut développer ça ici de la même façon avec musique, spectacle son et lumière, je ne demande pas mieux. Tout ça crée une belle ambiance.” La carrière de Samuel Girard ne fait que commencer, mais il a quand même en tête des images de ce que pourrait être la suite. “Le but de ma carrière c’est bien sûr de performer, mais c’est aussi d’amener le sport plus loin. Je rêve de voir notre sport plus présent dans les médias, de voir des arénas remplies lors des compétitions. Le courte piste, c’est un show. Si je peux aider à amener ça plus loin en étant présent dans des émissions de télé et ailleurs dans les médias, je suis partant.”

Malgré cette ouverture face à l'idée d'être sous les feux de la rampe, les projets hors glace du Saguenéen sont plus terre à terre. “On est en train de regarder pour acheter un terrain pour construire une maison dans le village d’où je viens. C’est sûr qu'après la carrière de patinage de vitesse je retourne à Ferland-et-Boilleau.” Samuel Girard exprime un amour profond pour ses racines et pour son petit patelin d’environ 500 âmes et les habitants du village sont fiers de leur héros. “Je ne sais pas où le travail va m’amener après ma carrière, mais c’est sûr que je vais avoir un chez-nous à Ferland. J’ai débuté des études en comptabilité, mais vraiment dans le but de pouvoir gérer ma propre entreprise. Ça pourrait être un café, un restaurant ou même ma propre érablière, parce que j’aime le bois, la nature et j’aime travailler de mes mains. Tout ça va un peu dépendre de combien de temps je vais patiner et des résultats que je vais avoir obtenues. Une chose est sûr, je ne vais pas être comptable dans une tour de bureaux en ville. J’ai besoin du grand air.”

Samuel Girard est à Ferland-et-Boilleau ce que Fred Pellerin est à Saint-Élie-de-Caxton: un incroyable ambassadeur. Par contre dans le cas de Girard, c’est de lui que risque de parler les légendes un jour.

Au moment d’écrire ces lignes, nous sommes à moins de 48h du début des compétitions sur courte piste à Pyeongchang et comme annoncé le 24 janvier dernier, Girard prendra part entre autre au 1500m qui se déroulera dès la première journée de compétition ce  samedi. Girard participera en fait à toutes les distances individuelles et au relais par équipe. Pour en savoir plus sur le courte piste à Pyeongchang cliquez ICI.




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