Tifany Huot-Marchand: «Comme à la récréation quand on était petit.» ~ Passion/Patin/Vitesse - Passion/Speed/Skating

Pages

28 février 2020

Tifany Huot-Marchand: «Comme à la récréation quand on était petit.»


Native d’un petit village de cent habitants, Tifany Huot-Marchand était âgée de neuf ans lorsqu'elle s'est fait offrir par une voisine ayant fait du patinage de vitesse courte piste dans le passé, la possibilité de les accompagner elle et ses enfants faire une heure de voiture pour aller chausser les patins à Belfort. Une offre inattendue qui allait changer le cours de sa vie.

Par Carl Savard
Photos par Oscar van den Bosch, Martin Holtom et collection personnelle de Tifany Huot-Marchand

La rentrée
J’ai entendu plusieurs genèses de carrières de patineurs dans les trois dernières années, mais peu m’ont fait autant sourire que ce bucolique récit de l'invitation de cette voisine qu'a partagé avec moi Tifany Huot-Marchand en entrée de jeu de cet entretien. «Je n’étais jamais montée sur des patins avant cette sortie improvisée avec la voisine. La première fois que je suis montée sur des patins c’était lors de cette sortie et c’était sur des patins de vitesse. Ma sœur et moi avons trouvé ça génial. On faisait la course, on allait vite, on s’amusait avec nos copains et voilà comment je me suis retrouvé à faire du short track. Avant ce moment, je faisais du sport à l’école mais jamais dans un club. Le short track est devenu mon premier sport de club et mes parents ont fait pendant plusieurs années l’heure d’aller et l’heure de retour pour que je puisse  pratiquer mon sport. Je leur en serai toujours reconnaissante.» 

La récréation
Pendant longtemps, le patinage de vitesse courte piste n’a été que du plaisir pour la Française. Ce n’est que lorsqu'elle a fait le saut vers Font Romeu pour joindre les rangs du pôle compétitif Français en 2010 qu’elle a pris conscience que son sport prenait une tangente plus sérieuse même si pour elle le plaisir doit toujours faire partie de l’équation. Une philosophie qui me rappelle mon échange de 2018 avec Thibaut Fauconnet. Huot-Marchand avoue être inspirée par la légende Française qui a mis fin à sa carrière avant le début de la saison actuelle et qui fait maintenant partie du personnel d’entraîneurs de l’équipe américaine. «J’ai beaucoup appris de lui depuis que je le côtoie, à le regarder patiner, à parler avec lui. Je pense qu’il faut garder dans l’esprit que ce sera toujours un jeu. Depuis que je connais Thibaut j’ai une autre vision des choses et ça m'apaise vachement. Sur la glace je me dis qu’on est tous là entre copains pour faire la course comme à la récréation quand on était petit.»


L'an dernier, Tifany Huot-Marchand a agrandi sa cours de récréation compétitive le temps d'une journée prenant part à une compétition de roller à Pamplona en Espagne. Placée dans la catégorie Élite considérant son statut d'athlète sur la glace, l'initiation ne fut pas de tout repos. «Je ne suis pas très bonne en roller et comme on m'avait mis dans la classe Élite j'ai dû partir en premier parmi les meilleurs. Je ne m'attendais pas du tout à ce que ça se pousse autant et je suis tombée, mais c'était tout de même vraiment cool comme expérience.»


Les nouveaux collègues de classe
Alors que pendant plusieurs années l’équipe française a semblé reposer principalement sur les épaules de Thibaut Fauconnet et Véronique Pierron, les dernières saisons laissent pointer un renouveau. Des jeunes comme Gwendoline Daudet, Aurélie Monvoisin, Quentin Fercoq et Diané Sellier sont venus épauler les Huot-Marchand, Pierron. Navarro, Migunov et Lepape permettant à la France de se relancer dans une quête de médailles aux épreuves de relais. Une situation qu’il fait bon vivre pour l’athlète de 25 ans. «Il peut être parfois pesant d’avoir une carrière de short track dans un pays où le sport n’est pas du tout médiatisé. Il y a très peu de licenciés d’où le fait qu’il y a peu de relève aussi. En ce moment il y a quand même un renouveau. J’espère qu’il y aura de la relève derrière parce que c’est bien d’être quatre filles mais on est que quatre et c’est parfois difficile, mais je nous sens vraiment fortes. C’est un peu le même scénario chez les garçons. Ça faisait pas mal de temps qu’on n’était pas partie aussi nombreux en compétition et ça fait du bien. On se sent forcément plus fort quand on est plus nombreux et c'est motivant.» 

Malgré les difficultés qui peuvent émaner d’une carrière d’athlète élite dans un sport n’ayant pas de volet professionnel ni une grande couverture médiatique, Tifany Huot-Marchand n’est pas capable d’imaginer sa vie en ce moment sans le patin. «Il est difficile pour moi de décrire comment je me sens sur la glace. Je prends du plaisir même à l’entraînement. En compétition, que je passe la ligne en première ou en troisième position si j’ai donné tout ce que j’ai alors je n’ai pas de regret. Puis au niveau des feelings, ça peut paraître un peu cliché mais on se sent parfois invincible, on se sent pousser des ailes sur la glace et c’est exactement ça que j’aime et que je recherche.»

Première de classe
Cette saison, la patineuse avait en tête de remporter sa première médaille individuelle en Coupe du monde. Cet objectif a été atteint à Dresde lors de la cinquième manche de la saison. Une médaille de bronze sur 1500m, un podium où se retrouvait également la champione du monde 2019 Suzanne Schulting et la jeune sensation russe Sofia Prosvirnova. En plus de cette médaille individuelle Huot-Marchand, flanquée de ses acolytes, a remporté une médaille de bronze au relais par équipe mixte lors de la même manche de Coupe du monde. Quand on jette un œil aux différents classements de la saison, la Française a terminé au 11e rang sur 1500m, le meilleur résultat parmi tous les athlètes français en courte piste cette saison.

Lors de notre rencontre, l’athlète originaire de Besançon me confiait également souhaiter monter sur un podium lors des prochains Championnats du monde. La présentation des Championnats du monde 2020 étant toujours en péril, Huot-Marchand devra peut être attendre à l'an prochain pour impressionner la cours d'école.

Abonnez-vous à notre infolettre, suivez notre page Facebook, notre compte Instagram et notre compte Twitter pour ne manquer aucune nouvelle sur le patinage.  

0 commentaires:

Publier un commentaire