Yara van Kerkhof: cœur de lion ~ Passion/Patin/Vitesse - Passion/Speed/Skating

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25 août 2018

Yara van Kerkhof: cœur de lion


Bien qu'elle soit dans l’ombre des grandes vedettes néerlandaises comme Suzanne Schulting et Sjinkie Knegt, le désire de vaincre de Yara van Kerkhof et sa discipline exemplaire en tant qu'athlète lui ont permis de briller. Alors qu'un nuage tente d’assombrir son parcours, l’athlète de 28 ans demeure positive.

Par Carl Savard
Photos par Carl Savard, Oscar van den Bosch et collection personnelle Yara van Kerkhof

Le soleil se lève
Naître là où le patinage de vitesse est roi est très souvent un gage de chausser les patins à un jeune âge. «Je crois que j’avais sept ans la première fois. Mes parents ne sont pas de nature compétitive, mais ils sont actifs. Quand j’étais petite, ils aimaient patiner sur les lacs gelés pendant l’hiver alors ma sœur et moi avons débuté assez tôt.» La soeur dont Yara van Kerkhof parle s’appelle Sanne. De trois ans son aînée, elle a fait partie de l’équipe nationale de courte piste qui a représentée les Pays-Bas aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010 et de Sotchi en 2014. Elle a tiré sa révérence en 2015. La cadette des van Kerkhof admet que pendant quelques années, sa grande soeur l’a aidé à devenir une meilleure patineuse. Si leurs parents n’ont jamais été compétitifs, il en est tout autrement pour Yara et sa sœur. «J’ai toujours voulu être sur l’équipe nationale et mon rêve est devenu réalité à l'âge de 19 ans. Quand j’ai quitté la maison pour aller m’installer à Heerenveen pour m’entraîner avec l’équipe nationale, ma sœur et moi sommes devenues plus compétitives. Nous avons habité ensemble pendant un moment et dans notre cuisine il y avait un tableau où nous avions pris l’habitude d’écrire nos records de temps et de vitesse. Parfois, on se surprenait à argumenter de façon sérieuse. Une fois je suis revenue à la maison fière d’avoir abaissé un record familial, mais Sanne m’a dit que ça ne comptait pas parce qu'elle n’était pas présente! Je l'ai quand même écrit avec un astérisque à côté.» Son désir de gagner est connu de tous sur l’équipe néerlandaise. Entraîneurs comme coéquipiers n’ont que de bons mots lorsqu'ils parlent des efforts qui lui ont permis de remporter deux médailles aux plus récents Jeux olympiques.

Passage nuageux
Une épreuve de l'enfance de Yara van Kerkhof qui a eu une fin heureuse, lui apporte malheureusement des tourments 20 ans plus tard. Enfant, un médecin a découvert que la jeune Yara avait une malformation cardiaque congénitale demandant d’être opérée. C’est à l’âge de sept ans que cette opération a eu lieu. Son père se souvient très bien de cette période de leur vie. «Je m’en souviens comme si c’était hier. Elle avait besoin d’une opération à cœur ouvert pour réparer un trou au cœur. Cette opération était nécessaire parce qu'elle était toujours fatiguée, ne grandissait pas à un rythme normale et était fréquemment malade. Il n’y avait aucune autre option que d’avoir cette chirurgie.» Bien que son cœur fonctionne maintenant à plein régime, il réagit différemment à l’effort et des tests se sont conclus par des résultats différents de la majorité des athlètes. La malformation a été réparée, mais le flot sanguin plus élevé vers ses poumons est demeuré le même. Après que des experts l’aient aidé à expliquer la situation, l’Union Internationale de Patinage l’a blanchi de tous soupçon, mais il semble que les explications ne soient pas assez claires pour l’Agence Mondiale Antidopage. «C’est très difficile pour moi, mais j’essaie de rester positive. Je sais que j’ai toujours été une athlète propre alors la seule option est qu'éventuellement, tout ça sera clarifié.» Elle devra présenter son cas devant la Cour Arbitrale du Sport. La date n’a pas encore été fixée et van Kerkhof a bien hâte que tout ça soit derrière elle.

Consensus
Peu de gens font l’unanimité et pourtant ça semble être le cas pour Yara van Kerkhof. L’entraîneur chef de l’équipe nationale des Pays-Bas, Jeroen Otter, ne tarit pas d’éloge à son égard. «Nous l’appelons “Pit bull”. Elle est sans doute l’une des patineuses les plus menues sur le circuit, mais elle a un cœur de lion. C’est très agréable de travailler avec elle car elle est très concentrée sur la tâche. Elle fait tout ce qu'un athlète doit faire pour utiliser son plein potentiel.» En tant que coach de l’équipe nationale, le travaille de Otter auprès de van Kerkhof a quelque chose à voir avec la médaille d’argent que cette dernière a remporté à Pyeongchang et dans ce cas-ci ce n’est pas seulement parce qu'il forme les athlètes les plus complets de son sport. Lors de notre rencontre en mars, la patineuse originaire de Zoetermeer m’a confié avoir eu une importante discussion avec son entraîneur. «À la coupe du monde de Budapest en début de saison, je me suis qualifiée pour faire une finale B et j’étais contente, mais Jeroen ne l’était pas. Il m’a demandé pourquoi j’étais heureuse et je lui ai répondu que c’était parce que j’avais fait la finale B et il m’a dit 'Tu es assez forte pour gagner des médailles! Tu ne devrais pas être contente de patiner une finale B!' Cette discussion a été importante. Elle m’a donné confiance en moi et m’a aidé à me concentrer sur mes chances de médailles plutôt que de penser que les finales B étaient très positives. À Dordrecht la semaine suivante j’ai fait deux finales A et j’ai terminé 4e, mais j’avais fait d’excellentes course. Puis, en fin de saison à Séoul j’ai remporté une médaille. Cette discussion en début de saison m’a réveillé.»



Rianne de Vries qui patine aux côtés de van Kerkhof depuis six ans maintenant confirme le professionnalisme de sa coéquipière, mais ne s’arrête pas là. «Yara est très sérieuse à l’entraînement, mais en dehors de la glace elle est souriante et gentille et s’intéresse aux autres. Durant ma longue pause suite à une fracture de la cheville elle prenait fréquemment de mes nouvelles et me motivait à garder le cap.» Daan Breeuwsma qui s’entraîne avec van Kerkhof depuis encore plus longtemps va encore plus loin. «Yara ne manque jamais un entraînement. Elle s’assure de toujours avoir assez de sommeil et d’avoir une alimentation exemplaire. C’est quelqu’un de foncièrement bon qui aime avoir du plaisir avec ses amis, mais qui a quand même toujours son sport en tête. Yara est une athlète parfaite.»

Sous les projecteurs
Depuis 2012, la carrière de Yara van Kerkhof est en ascension. Si entre 2012 et 2016 les bons résultats sont venus plus fréquemment de son excellent travail avec ses coéquipières aux épreuves de relais, au niveau individuel les bonnes performances ont commencé à s’accumuler lors des dernières saisons. En 2016-2017, elle a débuté en force remportant une médaille de bronze lors du deuxième 500m couru lors de la manche de Coupe du monde tenue à Calgary et a terminé cette même saison avec une médaille de bronze sur le seul 500m du weekend à Minsk, en Russie.


Elle a également remporté une médaille d’argent sur 100m en patinage de vitesse à roues alignée lors des Championnats Néerlandais de roller. “J’aime le roller. Nous en faisons à l’entraînement parfois l’été et j’ai eu le goût de tenter ma chance aux championnats nationaux. Par contre, pour faire plus de compétitions, je devrais m’entraîner plus dans ce sport. Sur le glace, j’ai l’habitude et je j’ai de bonnes sensations, mais en roller c’est très différent.» La saison dernière, sa collection s’est agrandie. Elle a remporté une médaille de bronze sur 1000m en Coupe du monde à Séoul avant d’ajouter son nom à l’histoire olympiques en remportant une médaille d’argent sur 500m en plus d’abaisser le record du monde et de remporter le bronze au relais 3000m.

Si Yara van Kerkhof est née avec un coeur imparfait, sa façon de l’utiliser est sans faille. Elle est passionnée par son sport et sa santé, a une personnalité rayonnante pour quiconque croise son chemin en plus d’être une amie et une coéquipière modèle et attentionnée. Jeroen Otter dit qu’elle a un coeur de lion. Les lions devraient en être fiers.

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