Vous avez peut être pour la première fois remarqué la jeune Américaine sur la glace la saison dernière. Vous aurez amplement le temps d'apprendre à mieux la connaître, car son aventure ne fait que commencer. Rencontre avec Maame Biney.
Par Carl Savard
De l'Afrique à la glace
Je dois vous faire une confidence, j’étais bien content que Maame Biney accepte de me rencontrer. Comme le sport au niveau élite est souvent rempli de stress et de difficultés, un large sourire et une attitude positive peuvent vous mener loin si vous avez en tête de faire carrière dans le sport de haut niveau. La jeune Américaine de 18 ans a encore beaucoup à apprendre pour transformer son potentiel en succès répétés, mais au niveau de l’attitude elle est en avance sur bien d’autres, jeunes comme vétérans. «J’adore la vitesse! Pousser au maximum et sentir le vent glisser sur mon visage. Ça peut paraître cliché, mais c’est vraiment ma partie préférée de ce sport. Aller vite et tout laisser sur la glace.» La jeune Maame est arrivée aux États-Unis en provenance de l’Afrique à l’âge de 5 ans et il n’en fut pas long avant que le patinage entre dans sa vie. «Mon père m’a dit ‘On va trouver quelque chose pour te garder occuper et pour éviter que tu te mettes dans le trouble.’ Il aurait pu choisir un sport plus près de lui comme le soccer ou tout autre sport qui n'impliquait pas de glace, mais un jour alors qu'il roulait en voiture, il a vu une affiche qui disait ‘Apprenez à patiner’ et il m'a demandé si je voulais essayer. J’ai fait du patinage artistique pendant quelques mois puis mon entraîneur a suggéré que j’essaie le courte piste et c'est là que la magie a opéré.» Même si son père insistait pour qu'elle fasse du sport parce qu'il voyait le sport comme une école de vie, il voulait surtout qu'elle ait du plaisir et tout en développant une passion sans pression. Pour la jeune Maame, c'est suite à une déception que les choses ont pris une tournure différente. C’est en échouant lors de sa première tentative de se qualifier sur l’équipe nationale junior qu'elle a réalisé à quel point elle désirait vraiment représenter les États-Unis sur la scène internationale. «Ce fût vraiment le début de quelque chose. À ma deuxième tentative, je me suis cassé la cheville durant la compétition et j’ai bien cru que je n’y arriverais pas encore. Mon père me disait ‘Tu ne peux pas continuer, ta cheville est brisée, tu vas empirer les choses!’ mais je ne voulais rien entendre. Je n’ai pas offert de grandes performances mais considérant ma blessure c’était quand même correct.» Même si à cette époque on pouvait déjà voir le potentiel de la jeune athlète, c’est la saison dernière lors des essais olympiques américains que les caméras se sont braquées sur elle et que les gens ont commencé à porter attention alors qu'elle venait de terminer première de la compétition devant des patineuses établies.
Trac de première
À l'ère des médias sociaux, le moindre geste émotif peut lancer une spirale médiatique. Même si cette vague de reconnaissance est lancée par un événement positif, un soudain élan de popularité peut être déstabilisant. «Quand le vidéo de ma chute durant ma célébration est devenu viral, tout le monde s’est mis à me féliciter, à vouloir me parler. Je l’appréciais entre autre parce que ça mettait le sport que j’aime de l’avant, mais c’était vraiment beaucoup d’attention et je n’avais pas l'habitude de gérer tout ça. En arrivant aux Jeux, je n’étais pas dans un état d’esprit optimal pour offrir de bonnes performances. C’était trop. J’ai essayé de ne pas jeter un œil sur les médias sociaux à Pyeongcahng, mais au final, les Olympiques, les médias et l’attention du publique c’était trop. Je suis par contre vraiment contente d’avoir vécu tout ça même si ce n’était pas ce que j'imaginais dans ma tête lorsque je rêvais aux Jeux. Je sais que j’ai appris et que je serai mieux préparé la prochaine fois.» Comme elle terminait son récit sur les Jeux olympiques, j’ai dut lui faire remarquer qu'elle devrait trouver une façon de gérer l’attention médiatique, parce que sa personnalité pétillante va continuer à attirer les gens vers elle et le sport qu'elle aime tant. Même si elle n’est pas arrivé à passer la première ronde au 1500m et que son parcours sur 500m s’est arrêté en quart de finale, l’expérience acquise lors de son premier spectacle sur la grande scène du sport n’a pas de prix. Après tout, elle est encore d’âge junior.
En terrain connu
Si les Jeux olympiques auront été une classe d’apprentissage sans résultat sur la glace, ce fut tout le contraire pour ce qui est des Championnats du monde juniors ISU 2018 à Tomaszow Mazowiecki en Pologne. «J’étais beaucoup plus confortable. Je savais à quoi m’attendre, je connaissais la compétition parce que j’y étais déjà allé. En plus, je savais que la couverture serait beaucoup plus discrète que lors des Jeux où ça avait frappé fort du genre 'Boom! Oh mon Dieu qu'il y a du monde!'». Elle est revenue de Pologne avec le titre de Championne du monde junior sur 500m, une médaille de bronze sur 1000m et la troisième position au cumulatif de la compétition derrière la Coréenne Kim Ji-yoo et la Canadienne Courtney Sarault. Elle avait terminé au 7e rang lors de sa précédente participation aux mêmes Championnats.
Maame Biney est la meilleure chose qui soit arrivée au patinage de vitesse américain depuis longtemps. Après les années Apolo Ohno, il y a eu les années J.R. Celski, puis dans les dernières saisons nous avons bien cru que John-Henry Krueger allait prendre le flambeau, mais son départ récent pour la Hongrie laisse la place vide. Maame Biney est encore jeune et a encore beaucoup à apprendre pour pouvoir offrir de grandes performances sur la scène mondiale, mais elle pourrait définitivement devenir le visage du courte piste aux États-Unis. Pour le moment, les amateurs de partout dans le monde peuvent apprécier ce qu'elle apporte de différent à travers ses performances honnêtes: un immense sourire et une énergie positive qui manque grandement dans plusieurs aspects de notre merveilleux monde. Elle a le potentiel pour nous offrir tout un spectacle dans les prochaines années.
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